10 innovations pour diviser par deux la consommation d'eau en hôtellerie littorale
mercredi 2 juillet 2025
À l'horizon 2030, réduire de 50 % la facture d'eau devient un impératif concurrentiel pour les campings et hôtels de bord de mer, et c'est possible grâce à dix leviers techniques et comportementaux que nous détaillons ici.

Pourquoi viser -50 % d’ici 2030 ?
Entre hausse des tarifs de l’eau (+ 4,4 %/an en moyenne) et sécheresses répétées, la pression économique s’accroît sur les établissements littoraux. Les postes les plus consommateurs sont les sanitaires (40 %), l’entretien des espaces verts et piscines (35 %) et la blanchisserie (15 %).
Le seuil -50 % figure déjà dans les labels de tourisme durable et la taxonomie verte européenne, ouvrant l’accès à des financements bonifiés. Les programmations territoriales comme “Plan Eau 2025” ou la future taxe sur les piscines privées accentuent encore l’enjeu. Avant de dépenser un euro, il faut hiérarchiser les actions selon leur ROI énergétique et marketing.
1. Douches solaires autonomes
Les douches solaires autonomes d’Idriade fonctionnent sans raccordement à l’eau potable ni à l’électricité : l’eau de mer est pompée sur la plage et déssalée sur place pour produire de l’eau douce. Chaque bloc de 3 douches permet l’économie de près de 1 000 m³ par an, et un rinçage pour les baigneurs, même en période de restriction des usages récréatifs de l’eau potable.

Source : Idriade
cas d'usage & ROI
La ville de Biarritz teste actuellement un pilote de douche solaire autonome Idriade dans une expérimentation fermée au public ; les économies d’eau projetée s’élèveront à près de 10 000 m³ d’eau potable par an une fois les plages équipées. Le déploiement à grande échelle est prévu pour la saison 2026 si ces résultats se confirment.
2. Recyclage des eaux grises en circuit court
Les unités compactes Hydraloop filtrent l’eau des douches et lave-linge, la désinfectent par UV et l’envoient vers les chasses d’eau ou l’arrosage, économisant 30 à 45 % d’eau potable. Le système est pré-certifié pour le label BREEAM et se connecte au Wi-Fi pour suivre les volumes réinjectés. Avec un espace occupé de moins d’un mètre carré et une maintenance annuelle simplifiée, cette solution est idéale pour la rénovation.

Source : Hydraloop
cas d'usage & ROI
Un boutique-hôtel côtier de seize chambres a installé un système Hydraloop ; en huit mois il a recyclé 400 000 litres d’eaux grises, réduisant notablement sa facture et prévoyant un amortissement de l’investissement en moins de cinq ans.
3. Compteurs intelligents et analytique IoT
Une plateforme comme VivoAquatics collecte en temps réel les débits de chaque branchement, détecte les fuites, affiche les euros économisés et compare les performances entre sites ; des hôtels rapportent 15 à 20 % d’économies dès la première saison.
Les alertes paramétrables et l’export des données fiabilisent les audits et motivent les équipes terrain.

Source : VivoAquatics
cas d'usage & ROI
Au camping EcoludiK d’Argelès-sur-Mer, des capteurs LoRaWAN connectés à un tableau de bord en temps réel ont permis de repérer et de corriger plusieurs fuites, entraînant une baisse immédiate de la consommation d’eau du site.
4. Robinets et pommeaux “smart” labellisés WaterSense
Le programme WaterSense de l’EPA limite le débit des douchettes à 7,6 L/min. Les modèles Oasense, équipés de capteurs infrarouges, coupent l’eau quand l’utilisateur se savonne et la rétablissent instantanément, réduisant jusqu’à 50 % la consommation sans sacrifier le confort. Déploiement rapide : moins de cinq minutes par chambre.

Source : Oasense
cas d'usage & ROI
Plusieurs hôtels haut de gamme, dont des établissements Hyatt cinq étoiles, ont équipé leurs chambres de douchettes Oasense ; l’installation, qui ne prend qu’une minute par salle de bain, a fait chuter d’environ 50 % l’utilisation d’eau chaude par douche.
5. Toilettes à vide : 0,5 L par chasse
Initialement développées pour la marine, les cuvettes vacuum fonctionnent désormais sur réseau terrestre ; certaines séries descendent à 0,39 L par chasse, soit -90 % par rapport aux 6 L standards (ardemco.com). Grâce à la dépression, les fosses septiques peuvent être divisées par trois, libérant du foncier pour des aménagements payants (

Source : Batiweb
cas d'usage & ROI
Des complexes touristiques ayant remplacé leurs toilettes traditionnelles par des modèles à vide constatent une réduction proche de 90 % du volume d’eau par chasse tout en obtenant six points supplémentaires sur le critère “Wat 01” de la certification BREEAM.
6. Stockage d’eau pluviale : couvrir 60 % des usages non potables
Sous climat côtier, une toiture de 1 000 m² capte 600 m³/an. Des études montrent que la pluie peut satisfaire jusqu’à 60 % des besoins non potables (WC, nettoyage, arrosage) (thedailystar.net). Des citernes enterrées en béton ou PEHD, couplées à une pompe immergée et désinfection UV, garantissent une autonomie partielle même en haute saison.

Source : Batiweb
cas d'usage & ROI
Selon une étude du RAiN Forum, la récupération d’eau pluviale peut couvrir jusqu’à 60 % des usages non potables ; sur l’île d’Ibiza, un hôtel équipé de réservoirs de 100 m³ répond déjà à la moitié de ses besoins saisonniers avec cette seule ressource.
7. Arrosage intelligent,
Installer sondes d’humidité, vannes pilotées par la météo et paillage organique réduit l’eau d’irrigation de 25 à 50 % (lawnandlandscape.com). Compléter par des essences littorales résistantes à la salinité (immortelle des dunes, tamaris) assure une esthétique naturelle et limite les engrais.

cas d'usage & ROI
Des essais menés par l’université UC ANR montrent que des programmateurs d’arrosage liés à la météo réduisent de 20 à 50 % l’eau utilisée à l’extérieur, tandis qu’un pilote du MIT combinant goutte-à-goutte et capteurs IoT atteint des économies de 20 à 60 %.
8. Piscines : couvertures anti-évaporation et pompes à vitesse variable
Une bâche rigide ou à bulles réduit l’évaporation d’environ 95 % la nuit, économisant des milliers de m³ et de kWh de chauffage (cdn.ymaws.com). Installer une pompe à vitesse variable ajuste le débit au strict nécessaire et baisse la consommation électrique et le renouvellement d’eau grâce à un brassage plus doux (docs.nrel.gov).

Source : Agriexpo
cas d'usage & ROI
Une campagne de mesures réalisée par le National Pool Industry Research Center du Cal Poly a démontré que les couvertures solides ou à bulles éliminent jusqu’à 95 % de l’évaporation des piscines, et que le remplacement des pompes par des modèles à vitesse variable réduit de 30 à 80 % l’énergie consommée et le volume d’eau d’appoint.
9. Blanchisserie : ozone et réemploi interne
Les générateurs d’ozone injectent de l’O3 dans le cycle de lavage, diminuant l’eau totale de 20 à 30 % et supprimant l’eau chaude. Résultat : -40 % de gaz (airbestpractices.com). L’eau de rinçage, encore claire, rejoint ensuite la boucle grise (n°2) pour un cercle vertueux.

Source : CaireInc
cas d'usage & ROI
À l’Apple Farm Inn, un hôtel de 104 chambres, l’introduction d’un système de blanchisserie à l’ozone a fait baisser de 22 gallons la quantité d’eau par cycle, diminué de 27 % les besoins en eau chaude et généré un retour sur investissement en moins de huit mois.
10.
Un simple tableau de bord affichant la consommation en litres par chambre ou un défi “record de la plus courte douche” stimule les économies ; une expérience en hôtel a mesuré jusqu’à 18 % de réduction sans impact négatif sur la satisfaction. Les économies se cumulent avec les gains techniques et renforcent la communication RSE.

Source : NudgeMe
cas d'usage & ROI
L’expérience “Every Drop Counts” menée auprès de clients d’hôtels montre qu’un simple retour d’information comportemental réduit de 18 % la consommation d’eau sans nuire à la satisfaction, tandis qu’une étude de l’université de Plymouth en 2024 a observé une diminution de 25 % de la durée des douches grâce à un dispositif de feedback en temps réel.
Conclusion : feuille de route en trois paliers
Dès cette année
Déployer des robinets “smart” (n°4) et des compteurs IoT (n°3) pour engranger 15 à 20% d’économies rapides.
D’ici 3 ans
Basculer les douches, les piscines et l’irrigation sur des solutions autonomes (n°1, n°7, n°8) afin d’atteindre -40%.
Avant 2030
Clôturer la boucle de l’eau avec recyclage gris, pluie et toilettes vacuum (n°2, n°5, n°6) puis amplifier par l’ozone et les nudges (n°9, n°10) pour franchir le cap des -50%.
Ce cap ambitieux reste réaliste si chaque action est mesurée et célébrée. Avec ces dix innovations et un pilotage fiabilisé, les campings et hôtels littoraux peuvent transformer la contrainte hydrique en avantage concurrentiel, fidéliser une clientèle sensible à l’écoresponsabilité et anticiper des réglementations de plus en plus strictes.